Editorial 8. Pour un bridge plus naturel et plus libre.Dimanche 6 janvier 2002
Enfin une bonne nouvelle dans le mensuel "Le Bridgeur" !
La majeure cinquième serait en danger puisque on nous dit qu'il faut la sauver.
Elle est en danger sans doute en raison des résultats lamentables de nos élites.
Si on ne la sauve pas, je ne la regetterai pas, bien au contraire !
Mais, beaucoup plus que la méthode elle-même, il faut s'interroger sur le conformisme et l'interdiction des essais créatifs dont est responsable la F.F.B. et qui a fait de la majeure cinquième une méthode étouffante.
Pour la pratiquer, vous devez vous en remettre aux Professeurs de la F.F.B. qui ne sont certes pas des monuments de sérieux et de rigueur.
Et donc, chaque jour un peu plus, le bridge, en France, se sclérose.
Et pourquoi faut-il la sauvez, cette majeure cinquième ? Parait-il parce qu'elle est naturelle !
Certes, ce n'est pas une méthode artificielle mais, tout de même...
Vous avez 4 cartes à convenables, mettons A R x x, 4 cartes à pas mal non plus disons R D V x,
3 petites cartes à et , 2 petites cartes à soient 13 H au total :
On vous ordonne d'ouvrir en mineure, ou même si vous avez opté pour le quatrième.
Vous trouvez cela naturel ? Non ? Moi non plus!
Prenez la donne du mois du Bridgeur n°746 : vous avez en réponse à l'ouverture de 1 la main suivante
3, D 10 9 8, D 10 6, et A D V 10 9, c'est-à-dire 11 points H sans crainte de misfit total.
Mais comme en majeure 5ème il a priorité à la majeure en réponse, la réponse 2 ne vient même à l'idée
Vous trouvez cela naturel ? Non ? Moi non plus!
De même, avec quatre beaux et une dizaine de points H répondre 2 sur l'ouverture de 1 n'est pas permis.
Vous trouvez cela naturel ? Non ? Moi non plus!
Et les Texas ?C'est naturel, ça ? et le maudit spoutnick ?
Non! Une méthode vraiment naturelle n'est pas aussi encombrée que la majeure cinquième !
Mais voila, elle n'est pas "enseignée par les meilleurs, pratiquée par eux, et par leurs élèves, tous très satisfaits".
Bref, elle est interdite par l'Establissement.
Pendant ce temps, les Professeurs collent des rustines plus ou moins heureuses sur la majeure cinqième.
Tenez, la dernière en date de Alain Levy dans son article 'Les entames' (Le Bridgeur n°746 de décembre 2001 donne 5 page 29
"Il est obligatoire d'ouvrir de 1SA les mains 5-4 - ou - de 15-16H ! "
Applaudissements ! Fermez le ban !
Monsieur Alain Levy croit que sur l'ouverture ( naturelle de 1 ou ) et sur la réponse de 1 , l'ouvreur n'a plus d'enchère.
C'est vouloir oublier que la répétition de la mineure montre cinq cartes dans un jeu faible ou moyen jusqu'à 16H.
Mais je sais que , si j'écrivais au Bridgeur, on me répondrait, comme cela est déjà arrivé que "cela n'a pas pu échapper au Professeur mais que c'est son expérience qui le fait parler". Et ce, même si on prouve que le conseil est erronné, comme celui où il recommande de demander des grands chelems " à peu près 70%", alors que le calcul correct donne 57% ce qui n'est pas du tout le même cas.
C'est de cela (aussi ) que souffre la majeure cinquième, du manque de rigueur des maîtres qui l'exploitent . Les exemples fourmillent.
Pour sauver la majeure cinquième, il faudrait revenir à plus simple et éviter les exceptions.
Mais pourquoi ne pas essayer d'explorer une autre voie : un système naturel à base de longue d'abord et de SA faible qui rend inutiles les Texas,et, de plus, avec le bannissement du maudit spoutnick , remplacé avantageusement par le contre de réouverture ?
Je ne risque pas de brûler ce que j'ai adoré comme le dit, dans sa phrase toute faite, Jean--Christophe Quantin, car, moi, dès sa sortie, je l'ai détestée.
Cherchez un autre éditoral :